CECI EST MON CORPS
Création 2024
Théâtre dans l’espace public à partir de 14 ans
Durée : 55 min
Texte : MarDi (Marie Dilasser) – commande d’écriture
Mise en scène : Claire Engel
Jeu : Charlotte Daquet
Musique (dans la version lecture) : Patrice Soletti
Scénographie et construction, régie : Emmanuelle Debeusscher
Conception lumières : Christophe Mazet
Costume : Catherine Sardi
Regards extérieurs : Yaëlle Antoine, Sophie Lagier, Philippe Goudard
Production : Chagall sans M
Coproduction : l’Atelline, Scène conventionnée d’intérêt national – Juvignac ; le Périscope, Scène conventionnée d’intérêt national – Nîmes.
Avec le soutien de la Région Occitanie (Aide à la création), de la DRAC Occitanie (Aide à la résidence et Aide à la création), de la Ville de Montpellier (Aide au projet et résidence d’été au Théâtre la Vista), ENSAD Montpellier (Résidence au Théâtre du Hangar), La Baignoire, lieu des écritures contemporaines.
Merci au Mas Razal – Plateau artistique du Larzac et à la Commune de Ceyras pour leur accueil.
Résumé
Au loin, une perspective ; s’y inscrivant : une femme.
Plus tard, une poule.
Elles vont parler. A partir des révélations de la poule, la pensée de la femme s’enclenche. Elle veut nommer, trouver les mots justes pour décrire l’intérieur de son corps, son corps objectivé et exposé, tout au long de sa vie, au regard des autres – parents, médecins, hommes dans la rue – son corps qu’elle va se réapproprier, pour réinventer sa manière propre d’être à soi et au monde.
Intention
C’est d’abord un corps qui apparaît, de loin.
Qui traverse l’espace comme on fend l’air, et se dirige vers nous, s’ancre, et permet aux mots de “passer”.
Il n’y a pas de fard.
Si le corps est solide, la langue, elle, est fluide, continue, s’adresse à soi, à personne et à tous.tes.
Que connais-je de mon corps ?
Que sais-je de lui ?
Qu’en connaissent les autres ?
Ici se pose clairement un point de tension universellement partagé, entre la connaissance et l’ignorance, entre le diagnostic scientifique et le ressenti.
Franchir les étapes de son corps soumis au regard de l’autre.
Échapper à l’érotisation des corps.
Devenir sujet.
Nous choisissons de jouer ce spectacle dans l’espace public.
Parce que cette parole intime n’est jamais énoncée, il nous semble urgent de la faire résonner dans un espace totalement ouvert.
Le dispositif scénique permet de donner un cadre à la représentation, et de jouer entre l’intime et l’ouvert, adresse resserrée et lignes de fuite.
Faire le chemin de la connaissance de son propre corps, par une parole qui s’invente en sortant d’un trop-plein, adressée.
Une parole circulaire, libre, émancipatrice.
« je veux une autre fiction
une autre histoire
une histoire accrochée à tous mes organes. »
L’espace scénographique est épuré : lieux en perspective renforcée par des cadres posés.
L’abstraction de la configuration, encadrée par le passage de la vie extérieure, autorise la liberté des plans et des zooms.
Lignes de fuite, perspectives, créées et recréées par cette présence venue les habiter épisodiquement, et qui les déplace, offrant toutes les perspectives possibles.
Le texte de MarDi (Marie Dilasser) s’appuie sur son propre vécu et sur des entretiens entre Claire Engel et Aurélie Namur.
Travail en sororité et partage, le texte révèle la complexité d’habiter réellement son corps, assujetti à ses fonctions premières dans un genre donné, loin de la réalité de la relation que chaque personne pourrait partager avec lui. En cela, il interroge l’idée de l’absence de résonance subie que chacun·e peut ressentir ; matérialise l’espace politique du corps, épaissit la surface.
Presse [Altermidi -Jean-Marie Dihn]
Étonnant témoignage de femme qui nous rappelle que le théâtre a partie liée avec la politique, à la différence des représentants qui cherchent à concilier aspiration au changement et respect de l’ordre établi. Si l’on considère comme Clausewitz la politique comme une forme de guerre, on doit alors se demander, comme le fait Marie Dilasser dans cette pièce, quelle place est faite à la vie, à la mort, et au corps humain.
Son texte est un brûlot contre toute forme d’oppression, à commencer par celle des femmes. Bien que la condition de poule concerne aussi l’immense quantité d’hommes et de femmes qui s’acharnent à survivre dans notre société mais qui, à bien des égards, en demeurent exclus, contraints de participer à la production de biens matériels mais privés des moyens de contribuer à l’orientation de leur propre vie et d’une démarche collective. La question de disposer librement de son propre corps passe par une conscientisation. L’écriture composite de l’autrice donne au texte un maximum d’efficacité, au sens politique du terme.
La comédienne Charlotte Daquet danse sur le fil épique de ce récit émancipateur où le sang alterne avec la sueur, les larmes et la révolte.
La comédienne s’approprie une succession d’états. Traversé de lucidité et d’amertume son jeu tient la distance sur un chemin aride. Celui d’une longue métamorphose où la violence se transforme en fantaisie.
Le travail de mise en scène de Claire Engel articule les réalités vécues et les clins d’œil à des références historiques et féministes. À cet endroit, le choix de l’espace public, celui d’élaborer une représentation dans un espace qui n’est autre que la vie quotidienne, contribue et joue sur un effet de reconnaissance du public à travers la célébration collective d’une émancipation.
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